
Bâillonner, museler, censurer. La milice craint les idées. Nous tuons des Sartre pour applaudir des idéologies musicalement douteuses. Des éphémères qui s’accordent sur une seule note, des berceuses collectives et hypnotiques martelées aux heures de grande écoute. Elles se confondent dans une masse hermétique où aucune nuance n’oserait interférer avec l’engourdissement d’un sommeil préprogrammé. Diffusions contagieuses d’hymnes, qui dans l’oreille se feront vers, condamnant toute possibilité pour des concepts « contradictoires » de se frayer une voie. Loin des chaussées. On « Valiumise » on « Dépressionnise ». On amorti, à coup de confiseries pharmaceutiques légales qui plongent des masses humaines dans les abîmes profonds du sommeil permanent où toute possibilité de vigilance se voit amoindri.
Des pluies d’éclairs assourdissants dans des infinis obscurs, loin de toutes réalités tangibles. Quand ton droit au sommeil permanant devient une opinion que tu souhaites légitime. Jadis, c’était une histoire qu’on a collectivement oubliée. L’égocentrisme catapulte des visions obstruées qui avancent sans savoir dans une direction indivisible. Piètres paradigmes d’insubordinations isolés. Néanmoins certains êtres vivants savent démystifier les maux de l’Histoire. Chasse aux bouquins, vérités misent à l’index. Décapitation des savoirs et optimisation des avoirs. Tentatives malhonnêtes de pervertir le principe de l’offre et de la demande en imposant des offres surexposées créant ainsi des masses de demandes artificielles. Aveuglés. Éblouis. Égarés.
On génère des solitaires isolés, incapables de voir leurs mots éveillés, franchir la barrière de la soumission agréée. S’ils se rassemblent, ces uniques resautés, le danger est imminent. Le son de leurs paroles, si synchronisées, pourrait à lui seul, faire vibrer les nœuds des ficelles hégémoniques patiemment tissées. Les équilibres pourraient valser et des anesthésiés retrouver l’usage de leurs sens. Tel un Truman fonçant directement sur la toile de fond de sa fausse réalité. Les rêveurs amalgamés peuvent provoquer des collisions frontales et enrayer des collusions dissimulés sous une pluie de convergence.
Ils te désinformeront, te transformeront, te frapperont, t’humilieront, te mitrailleront s’il le faut. Ils t’interneront. Oh! Toi qu’ils feront passer pour fou… La folie est dissidence. Les dissidents brisent sans cesse les lignes harmoniques de l’équilibre savamment esquissé entre les aisés et les dépossédés. Périodiquement si adroit et dérangé sournoisement par quelques tentatives gauches. La prison s’est fait prière, s’est fait justice puis égalité. La prison se trame ignorance. Encore une fois… La séquence semble éternelle car la mémoire s’égare, puisque le soixante-huit, perdu, s’est permuté en soixante dix-huit, qui se souhaite vainqueur. La seule victoire envisageable se cache dans l’unité. Mais comment rallier l’unité quand on méprise ceux qui pensent ? Comment créer un consentement quand on endosse la violence étatique du néo-libéralisme sauvage ? Tristement, on devient fossoyeur, collaborateur et nous aidons un peu plus à chaque jour à creuser notre propre tombe commune, celle là même qu’on souhaite utiliser pour nous y enterrer vivant. Enfermé sous-toutes les vicissitudes qu’on n’aura pas osé dénoncer.
De toutes les libertés, le savoir est la plus importante, et cesser de la mépriser est une condition sans compromis au refus de mourir. La liberté n’est pas une opinion qui doit diverger, et de ne pas être en accord avec ceux qui ne veulent pas être libres n’est pas un manque de respect envers leur opinion. Il faut cesser de se laisser mourir. Tuer des idées est un crime abominable et impardonnable. J’écris ces mots au nom des milliers de prisonniers politiques de mon pays, qu’on a fait sous le seul motif qu’ils avaient retrouvé la force de penser et de contester… Résister à l’oppression est la seule manière de faire refleurir l’espoir alors jardinons ensemble des printemps vivaces. réveillons, casserolons, luttons, désobéissons, révolutionnons, imaginons… Résistons.
MFL
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